55 mesures à prendre pour améliorer le bien-être des chevaux
Des mesures simples qui vous permettront d'instaurer une relation de confiance avec votre cheval.
Danièle
9/7/202039 min read
Vous aimeriez que le cheval que vous côtoyez et avec lequel vous partagez des activités soit le plus heureux possible. Il vous procure de la satisfaction dans votre pratique, vous permet de progresser. Il vous semble normal de lui rendre la pareille, de contribuer autant que faire se peut à son bien-être physique et psychologique.
Seulement voilà. Il semble réaliser les exercices demandés à contrecœur. Lorsque vous arrivez à l’écurie, il ne montre aucun signe de satisfaction. Pire. S’il vit au pré et que vous devez l’attraper, il tente de vous échapper. Bref, vous avez trop souvent l’impression de le déranger.
Vous vous sentez mal à l’aise. Adieu vos rêves de complicité avec le cheval. Votre objectif est pourtant de lui permettre de s’épanouir dans des activités partagées. Vous ne voulez pas qu’il vous considère comme quelqu’un qui ne lui apporte que des désagréments.
Mais comment procéder ? De quelle manière lui faire réellement plaisir sans anthropomorphisme ? Que pouvez-vous mettre en place pour rendre son quotidien plus agréable ? Je vais vous donner 56 mesures que vous pourriez prendre en ce sens. Vous pourrez mettre en œuvre la plupart d’entre elles que le cheval dont vous vous occupez vous appartienne ou non. Et paradoxalement, ce n’est pas toujours sur le cheval qu’il convient d’agir en premier lieu. Cela vous intéresse d’en savoir plus ? Suivez-moi.
Le bien-être immédiat
Certaines mesures auront un effet immédiat sur le cheval en termes de mieux-être. Vous devrez essayer de les mettre en œuvre pour la plupart pendant la séance de travail et pour d’autres en dehors. Pour quelques-unes, c’est en toutes circonstances que vous devez y être attentifs pour pouvoir en récolter les bénéfices au contact des chevaux.
Pendant les séances de travail
Le mal-être de beaucoup de chevaux trouve très souvent son origine dans le travail qui leur est demandé. Alors comment faire pour que le cheval apprécie de travailler en votre compagnie et ait envie de bien faire. Voici quelques clés.
Le cheval ne pourra pas travailler avec plaisir si le matériel utilisé lui cause des gênes. Voici les points auxquels il faut être attentif pour éviter cela.
Utiliser une embouchure adaptée.
La bouche de chaque cheval est particulière en taille, en conformation, en sensibilité. Le mors qui convient très bien à un cheval peut ne pas être du tout adapté pour un autre. Comment faire pour le savoir ? Tester. Trouver d’abord la bonne taille : le mors doit dépasser d’environ 5 millimètres de chaque côté de la bouche. Trop large, il risque de causer des douleurs au palais du cheval. Trop étroit, il comprimera la bouche. Essayer ensuite les mors les plus simples et observer les réactions du cheval. Il montrera rapidement des signes d’inconfort si son embouchure ne lui convient pas. Vous trouverez des conseils pour bien choisir l’embouchure de votre cheval ici.
Utiliser un filet adapté.
La nuque d’un cheval est une zone très sensible. Or la têtière du filet repose à cet endroit. Le poids peut être décalé de quelques centimètres en fonction du modèle de filet ou de la taille du frontal. Là aussi, il faudra être attentif aux signes d’inconfort montrés par le cheval. Des solutions existent pour mieux répartir le poids et réduire la pression exercée à un endroit. J’utilise pour ma part le Ear Band d’Alliance Back Lift pour ma jument Jaffa et cela a considérablement amélioré son confort.
Utiliser une selle adaptée
Pendant longtemps, on considérait que si le cheval avait un dos conformé normalement, une selle standard devait lui convenir. Puis, certains selliers ont commencé à proposer des tailles d’ouvertures de garrot différentes. Aujourd’hui, la nécessité que la selle soit parfaitement adaptée au dos du cheval nous semble une évidence. Et c’est heureux. Avez-vous déjà essayé de faire une marche avec un sac à dos dont le poids est mal réparti ou dont l’une des objets exerce une pression désagréable sur votre dos à chaque pas ? Il y a même des professionnels qui peuvent vous aider à faire le bon choix : les saddle fitters.
Parfois, c’est la manière dont vous organisez les séances de travail qui va avoir un impact majeur sur le bien-être du cheval. Cela ne signifie pas que vous devez renoncer à vos objectifs. Il s’agit plutôt de trouver la manière la plus agréable possible pour le cheval d’y parvenir. Les mesures suivantes sont des moyens pratiques de mettre en œuvre la recommandation du célèbre écuyer François Baucher.
« Demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup. »
Chercher la légèreté dans les aides
Voilà votre cheval correctement équipé. Mais tout cela ne servira à rien si vous ne faites pas preuve de légèreté dans l’utilisation de vos aides. Un cheval est capable de sentir une mouche se poser à n’importe quel endroit de son corps. Il est donc capable de réagir à des aides très fines. Quelques grammes devraient suffire. Un simple déplacement de l’assiette peut être compris du cheval si le code entre lui et vous est clair. Cela vaut la peine d’essayer pour préserver sa sensibilité.
Faires des séances courtes mais fréquentes
Est-ce que vous abordez avec enthousiasme une journée de travail dont vous savez qu’elle risque d’être longue et potentiellement difficile ? Non ? Et bien votre cheval non plus. Les chevaux ont une capacité de concentration limitée. Une séance d’une heure lui paraît interminable. D’où la nécessité de raccourcir les séances au maximum quitte à les multiplier si possible. L’idéal à mes yeux ? Pas plus de trois fois dix minutes d’affilée, avec des pauses intermédiaires. A adapter bien sûr en fonction de la personnalité du cheval et du travail envisagé. Préférez donc faire deux ou trois séances courtes dans la journée plutôt qu’une seule trop longue.
Faire des pauses fréquentes pendant les séances
Poursuivre un effort physique et de concentration trop longtemps est épuisant pour le cheval et démoralisant si cela se reproduit trop fréquemment. Il a besoin de récupérer souvent. Toute les dix minutes si possible. Veillez à accorder ces pauses de quelques minutes après un exercice réussi. Cela encouragera le cheval à recommencer. Il a naturellement tendance à reproduire ce qui a été agréable pour lui.
Varier le travail dans la semaine
Quoi de plus lassant que de faire tout le temps la même chose, d’autant plus si c’est difficile ? Et pourtant c’est la tendance que nous avons. Travailler les points faibles, encore et encore, pour tenter de progresser. Reprogrammer de jour en jour des séances identiques pour tenter de progresser. Le cheval ne peut être à l’aise si on lui demande de reproduire constamment des exercices éprouvants. D’où l’intérêt de varier le programme de travail sur une semaine. Cela dépend de votre discipline de prédilection, mais il y a toujours moyen de construire un programme de travail équilibré en variant les exercices et le cadre de travail. Entre le travail sur le plat, les cavalettis, les sorties en extérieur, le travail à pieds et les séances de longe, il y a matière à varier.
Varier le travail dans une même séance
Varier le travail dans la semaine ne suffit pas. Il convient aussi d’appliquer la même logique aux séances pour éviter de blaser le cheval. Travaillez plusieurs exercices différents au cours d’une même séance. Surprenez votre cheval en les enchaînant autrement. Inutile de répéter x fois la même transition, le même mouvement ou le même enchaînement d’obstacles jusqu’à en être satisfait. Votre cheval sera lassé avant que vous soyez satisfait. Contentez-vous donc de légers progrès … ou pas, avant de passer à autre chose. C’est la répétition des exercices au cours des différentes séances de travail qui permettra au cheval de les maîtriser et non pas le temps en une fois sur l’exercice.
Alterner les exercices faciles et difficiles
Demander un exercice difficile pour le cheval et se satisfaire de ce qu’il donne. Demander ensuite un exercice que le cheval maîtrise avant de faire une pause. Revenir à l’exercice difficile plus tard dans la séance. Accepter toujours que le cheval puisse moins bien faire. Les phases de régression sont inévitables. Même si elles sont frustrantes, elles font partie intégrante du processus d’apprentissage Il faut en être conscient sans en vouloir au cheval ni à soi-même. Quoi qu’il en soit, veillez toujours à terminer la séance sur une réussite du cheval. Adopter celle discipline permettra de préserver le plaisir du cheval au travail.
Adapter la séance en fonction de la forme physique et psychologique du cheval
Les chevaux sont comme nous. Ils ont leurs jours sans. Vous avez pourtant construit votre planning de travail en début de semaine et comptez bien le respecter. Grave erreur. Pensez-vous réellement que vous seriez professionnellement apte à résoudre des problèmes difficiles les jours où vous vous sentez fatigué. Vous mettre au travail représente déjà un gros effort, alors s’il faut en plus précisément ce jour-là traiter un dossier compliqué que vous n’arrêtez pas de remettre à plus tard parce que vous n’avez pas envie de vous y attaquer. Ce n’est même pas la peine d’y penser ! Alors, ne demandez pas à votre cheval des choses que vous seriez incapable de faire vous-mêmes. Restez souple. Faites évoluer votre planning de travail si l’état de forme de votre cheval le demande.
Adapter le travail en fonction de la météo
Certaines conditions météo se prêtent moins bien à certaines activités. Vous ne serez probablement pas tentés de faire de longues expéditions en extérieur par temps de pluie ou de grand froid. Les chevaux sont pourtant mieux armés que nous pour supporter ces intempéries. Il faudra tout de même réaliser une détente plus longue pour leur laisser le temps de s’échauffer correctement avant de fournir des efforts. Il faudra aussi prévoir de regagner l’écurie assez rapidement après l’effort, avant que le cheval mouillé de pluie ou de sueur ne se refroidisse. L’idéal serait d’emporter un couvre rein qui pourra être utilisé après l’effort. Mais plus que la pluie ou le froid, ce qui peut poser davantage de problèmes aux chevaux est la chaleur. Il faudra éviter de solliciter trop fortement un cheval si la température est trop élevée, surtout s’il n’en a pas l’habitude.
Laisser au cheval le temps d’assimiler un exercice avant de passer au niveau de difficulté supérieur
Vous êtes satisfait. Votre cheval a enfin associé les aides du départ au galop sur chacun des deux pieds. Il a eu du mal. Il partait systématiquement sur le pied gauche aux deux mains. A présent, vous pouvez lui demander des départs sur n’importe quel pied en ligne droite et dans n’importe quel ordre. Il est fiable. Il ne fait plus d’erreur. Attendez un peu avant de lui demander des départs à faux sur un cercle, surtout sur le pied droit sur un cercle à main gauche. Laissez-lui le temps de digérer et d’ancrer ces nouveaux réflexes. Ce principe est valable pour n’importe quel exercice. Ne cherchez pas à aller trop vite. Assurez-vous de la solidité des fondations en toutes circonstances avant de poursuivre la construction de votre code de communication.
Faire des promenades en extérieur sans rien demander
Dans la nature, les chevaux sont des animaux des grand espaces. Ils parcourent des dizaines de kilomètres par jour. Nous faisons travailler nos chevaux dans des manèges et des carrières aux dimensions restreintes. Leur offrir assez régulièrement des sorties en extérieur sans leur demander de travail particulier ne peut être que bénéfique pour leur moral. Oubliez les variations d’allures, les transitions ou le travail de deux pistes. Laissez votre cheval s’installer dans le rythme de trot ou de galop qui lui convient. Sans jamais perdre le contrôle bien sûr et en tenant toujours compte de la qualité du terrain. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir s’offrir un galop sur une plage. Il reste souvent possible de trouver un chemin de campagne ou forestier suffisamment souple pour laisser le cheval accélérer un peu.
En dehors du travail
Le temps passé au travail ne représente somme toute qu’une petite partie du temps de vie des chevaux.
Veiller à ce que les séances de travail se passent bien est certes important, mais pas suffisant. Nous aimons évoluer dans des environnements dans lesquels nous nous sentons à l’aise et voir nos amis. Les chevaux ont aussi besoin de conditions de vie agréables et de contacts sociaux. Voici ce que vous devriez veiller à offrir au cheval que vous côtoyez.
S’assurer que son box est agréable
S’il vit en box, votre cheval y passera l’essentiel de son temps. Il est important qu’il s’y sente bien. Le minimum est bien sûr de maintenir la mangeoire et l’abreuvoir propres. Mais vous pouvez faire nettement mieux. Assurez-vous que le box soit aux bonnes dimensions. Le cheval doit pouvoir bouger, se coucher et se relever sans difficultés. Certains grands modèles se sentiront à l’étroit dans 9 mètres carrés. S’il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’il passe la tête par-dessus la porte, permettez-lui de le faire. Cela lui donnera l’impression de bénéficier de plus d’espace et il pourra satisfaire sa curiosité. Les chevaux aiment observer ce qui se passe autour d’eux. Mieux encore : le box ouvert sur un paddock attenant qui lui permettre de faire quelques pas et de profiter du soleil. Assurez-vous tout de même qu’il pourra aussi bénéficier de suffisamment de calme pour se reposer à certains moments de la journée. L’agitation ambiante permanente n’est pas non plus souhaitable.
Dernier point de vigilance : l’aération. Même si elle est dépoussiérée, répandre la litière dans le box dégage forcément un minimum de poussière. Le foin peut aussi être poussiéreux. L’urine absorbée par la litière dégage des vapeurs d’ammoniac. C’est pourquoi il est très important qu’il puisse y avoir une circulation d’air dans l’écurie si les box sont intérieurs. Vous préserverez ainsi les voies respiratoires des chevaux.
S’assurer que le point d’eau reste accessible et propre
Un cheval a besoin de plusieurs dizaines de litres d’eau par jour. En fonction du climat et de la taille du cheval, cela peut aller de 25 litres par jour jusqu’à plus de 60 litres par fortes chaleurs. Pour lui permettre de satisfaire ses besoins, il faut lui assurer un accès à une eau propre et fraiche la plus grande partie de la journée. Au box, il n’y a en principe pas de problème : les abreuvoirs automatiques délivrent l’eau à volonté. Si le cheval reste de longues périodes au pré, il faudra trouver une solution pour qu’il puisse disposer de suffisamment d’eau : seaux, citerne …
A9ttention aux points d’eau naturels dont la qualité ne peut être garantie. Comment savoir si le cheval est suffisamment hydraté ? Il suffit de faire le test du pli de peau. Vous pincez la peau à l’avant de l’épaule. Elle revient en place en moins de 2 seconde, c’est bon. Dans le cas contraire il y a un problème d’hydratation.
Permettre au cheval de manger sur de longues périodes
En liberté, un cheval consacre environ 60 % de son temps à s’alimenter. Le cheval qui vit au pré peut se rapprocher de ce modèle, à condition que le pré soit d’une surface suffisante. A défaut, il faudra complémenter avec du fourrage. En box, par-contre, les choses sont bien différentes. Avaler sa ration de concentré en quelques minutes et se contenter d’un peu de foin ne correspond pas du tout à une manière de s’alimenter conforme à sa physiologie. Il devrait passer beaucoup plus de temps à ingérer de la nourriture. Comment faire alors ? Distribuer une quantité suffisante de foin en plusieurs fois dans la journée et lui permettre de brouter en extérieur répond déjà beaucoup mieux à ses besoins.
Lui permettre d’avoir des contacts avec d’autres chevaux
Vie en troupeau, toilettage mutuel, positionnement tête bêche pour se débarrasser mutuellement des insectes … Voilà les plaisirs simples desquels nous privons nos chevaux en leur imposant une vie à l’écurie. Alors essayons tout de même de leur permettre d’avoir des contacts avec leurs voisins de box. Peut-être est-il aussi possible de leur faire goûter aux joies de la liberté avec des compagnons. En la matière, il est vrai que la prudence s’impose. Il faut faire très attention aux incompatibilités d’humeur. Tous les chevaux ne s’entendent pas. Un coup de pied est si vite arrivé et peut être tellement dévastateur. Pourtant, avec intelligence et progressivité, les chevaux gagnent beaucoup en qualité de vie à combiner vie en box et séjours au pré avec des copains. Une alternative : le paddock paradise ou l’écurie active, même si ce type d’installation est encore relativement peu développé. Si vous voulez en savoir plus, vous avez ici des informations.
Veiller à ce qu’il s’entende bien avec les chevaux qu’il côtoie
Comme vous n’aimeriez pas partager votre salon avec une personne avec qui vous n’avez aucune affinité, évitons d’imposer à nos chevaux de côtoyer des voisins qu’ils n’apprécient pas. Il y a peu de risque d’accident en box parce que les fenêtres sont suffisamment éloignées, qu’il y a des grilles internes et des murs solides qui séparent les chevaux. Certains chevaux peuvent tout de même aller jusqu’à taper dans les murs en direction de leur voisin. A long terme, ce n’est pas sans conséquence sur les membres. A considérer aussi : le poids psychologique pour les deux voisins d’avoir sans cesse à supporter les marques d’agressivité de l’autre. Il faudra bien sûr veiller à ne pas faire évoluer ensemble en liberté des chevaux qui ne s’entendent pas
Permettre au cheval d’accéder à un abri lorsqu’il est au pré
Ma jument passe des demi-journées au pré. Il m’arrive de me précipiter pour la rentrer lorsqu’il pleut. La plupart du temps, je la retrouve sous la pluie, parfaitement à l’aise et pas pressée de rentrer, alors qu’elle a accès à un abri. Par-contre, en été, elle utilise plus volontiers l’abri pour se protéger des insectes et se montre beaucoup plus enthousiaste à l’idée de rejoindre son box.
Les chevaux sont beaucoup moins gênés par le froid et la pluie que nous l’imaginons. L’abri reste utile pour leur permettre de s’abriter du vent, du soleil et des insectes.
Lui permettre d’évoluer en liberté le plus souvent possible
Enfermer un animal des grands espaces dans quelques mètres carrés et ne lui permettre de sortir que quelques heures par jour pour travailler. Est-il possible de trouver cela normal ? Vraiment ? En toute bonne foi ? J’ai connu des cavaliers que cela ne choquait pas. Heureusement, aujourd’hui, les mentalités ont évolué, jusqu’au haut niveau. Les chevaux du cavalier de saut d’obstacle Luca Maria Moneta vivent au pré, jour et nuit, d’avril à octobre. Cela fait encore figure d’exception, mais la transformation poursuit son cours. Il n’y a qu’à observer le plaisir que prennent les chevaux à se rouler dans l’herbe (quelquefois aussi dans la boue !!!) sans être limités par les murs de leur box. Voir ici. Ils aiment se déplacer pour sélectionner les brins d’herbe qui sont le plus à leur goût.
Le faire brouter à la longe
Même s’il a accès à de l’herbe au pré, le cheval appréciera de pouvoir brouter en dehors des limites de sa pâture. L’herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin, c’est bien connu. C’est surtout qu’il a déjà tant de fois fait le tour du propriétaire que cela fait bien longtemps qu’il a mangé les herbes les plus savoureuses. Il sera heureux de n’avoir qu’à faire quelques pas pour trouver des variétés d’herbes auxquelles il n’a pas souvent accès. C’est aussi l’occasion de partager un moment de complicité avec le cheval. Pour avoir passé des dizaines d’heures à observer mes chevaux brouter, j’ai souvent été surprise par leurs choix. J’étais persuadée que cette touffe d’herbe bien grasse était attirante. Non, ce sont plutôt ces brins plus longs et fibreux qu’ils préfèrent. Seule limite à ce plaisir : l’impératif de limiter ces séances pour éviter que le cheval n’absorbe trop d’herbe.
Prendre le temps de faire un vrai pansage au cheval
Pris dans les contraintes du quotidien, les cavaliers sont souvent tentés d’abréger voir de « zapper » l’étape du pansage, surtout si le cheval n’est pas sale. J’ai déjà vu un cavalier dont le cheval vivait au pré ne nettoyer que l’emplacement utile pour poser la selle et le filet et monter un cheval « pané » de boue séchée. C’est très dommage. Le cheval trouve dans le pansage une réelle source de plaisir et de bien-être. Le toilettage mutuel entre chevaux est l’expression d’une véritable complicité avec un partenaire de confiance. C’est aussi l’occasion pour nous de nouer des liens particuliers avec nos chevaux.
Gratter le cheval aux endroits qu’il apprécie
Sur le front, derrière les oreilles, à la gorge, au garrot, sous la crinière, sur le dos … Chaque cheval a ses préférences, mais si vous commencez à le gratouiller, il ne tardera pas à vous montrer clairement les zones auxquelles il aimerait être gratté. Cela ne prend que quelques minutes, vous fatiguerez assez vite, mais procure du plaisir au cheval qui ne parvient pas forcément facilement à se frotter à certains endroits.
Offrir une douche au cheval par forte chaleur
Vous connaissez ces chaleurs écrasantes des mois de juin et juillet. Ces jours où il fait trop chaud pour tout, surtout pour monter à cheval. Votre cheval a chaud aussi. Il appréciera particulièrement de pouvoir bénéficier d’une bonne douche rafraichissante. Attention à respecter des précautions de base. Pas de passage brutal de l’exposition au soleil à un grand jet d’eau fraiche. Mouillez-le progressivement en commençant par les membres, l’encolure, puis le reste du corps. Shampouinez-le généreusement (avec un produit adapté au PH de sa peau, pas un shampoing pour humain). Frottez. Faites moussez. Puis rincez soigneusement. Rafraichi et propre, le cheval se sentira bien.
En toutes circonstances
Que ce soit au travail ou en dehors, toute personne qui s’occupe d’un cheval doit se comporter en partenaire digne de confiance pour lui. La qualité de la relation homme-cheval en dépend. Il faudra aussi penser à protéger le cheval de certains désagréments.
Être vraiment présent en sa compagnie et rester à son écoute
Ce problème professionnel qu’il faudra impérativement résoudre rapidement demain matin, cette conversation avec un collègue qui s’est mal passée, ces courses qu’il faudra trouver le temps de faire avant la fin de la journée, ce SMS auquel il faut répondre immédiatement … Nous avons souvent tendance à nous laisser aspirer par le tourbillon de nos pensées. Nous vivons dans le passé ou le futur et n’exécutons que machinalement toute les tâches qui ne nous demandent pas toute notre attention. Le cheval, lui, vit dans le présent. Uniquement. Pleinement. Il ressent toutes nos émotions et se rend bien compte que même présent physiquement, nous ne lui accordons pas notre attention. A quoi bon alors essayer de communiquer avec quelqu’un qui montre aussi peu d’intérêt pour lui ? Caricatural ? Peut-être. Mais nous pourrions certainement beaucoup mieux faire en la matière. Améliorer la qualité de notre présence aux côtés des chevaux nous permettra de mieux percevoir les messages qu’ils nous adressent et de progresser en complicité avec eux. Laissez vos préoccupations aux portes des écuries, coupez vos portables et soyez vraiment présent pour votre cheval lorsque vous êtes à ses côtés.
Garder son calme
Votre cheval semble avoir oublié ce mouvement que vous pensiez acquis. Sur la route des écuries déjà, vous avez été ralenti par ce convoi exceptionnel qu’il était impossible de doubler. Vous pensiez vous faire plaisir en montant à cheval, mais rien ne se passe comme prévu et cela vous donne une raison supplémentaire de basculer définitivement dans la mauvaise humeur. Encore une contrariété, et vous sentez que vous allez exploser. Pourtant, perdre votre calme est la chose la plus contreproductive que vous pourriez faire. Cela paraîtrait incompréhensible à votre cheval, qui de toute façon a déjà perçu votre stress. C’est peut-être justement la raison pour laquelle il ne réalise pas ce mouvement que vous lui demandez. Vos aides sont peut-être mal dosées, moins précises que la fois précédente. De toute façon, aucun apprentissage n’est une progression linéaire. Les phases de régression sont normales. Elles font partie du parcours. Il faut savoir l’accepter. Et si jamais vous vous sentez incapable de surmonter les contrariétés liées à une séance de travail, remplacez-la par une promenade au cours de laquelle vous et votre cheval ne ferez qu’apprécier votre environnement. Ce sera bien plus profitable pour tous les deux.
Rester cohérent et constant
Le langage est un code. Entre êtres humains, nous utilisons avant tout un langage verbal. Les mots ont un sens, toujours le même. Nous connaissons ce sens. C’est ce qui nous permet de nous comprendre. Avec les chevaux, nous avons mis au point un mode de communication qui passe essentiellement par les aides. Le cheval doit avancer si nous serrons les jambes, ralentir si nous augmentons la tension sur les rênes, se décaler quand nous le poussons ... Mais attention. Les chevaux sont beaucoup plus sensibles que nous à d’autres modes de communication. Ils interprètent le ton de notre voix, observent nos gestes et sont même sensibles à nos mimiques. Ils partagent avec nous davantage d’expressions faciales que les chiens. Voir ici. Il est donc important d’être particulièrement attentif à ce que nous faisons et disons en présence des chevaux. Il faut rester cohérent dans notre manière de demander des choses au cheval : même indications, même dosage des aides, même ton de la voix … Attention aussi aux incohérences entre les différents signaux que nous envoyons au cheval : langage des aides, ton de la voix, mimiques, émotions … Il est impossible de mentir au cheval. Il le détecte immédiatement.
S’assurer que le cheval a les capacités de faire ce qu’on lui demande
Demander au cheval quelque chose qu’il ne peut pas faire. Voici ce qu’il faut éviter. Une telle situation est de nature à décourager les meilleures volontés. Il y une progression à respecter dans les exigences, aussi bien à pied que dans le travail monté. Inutile de chercher à apprendre les changements de pied au galop à un cheval qui ne part même pas de manière fiable sur le pied demandé. Il faut lui laisser le temps d’assimiler ses apprentissages et d’améliorer son équilibre, sa souplesse. Alors, la prochaine fois qu’un cheval ne fera pas ce que vous lui demanderez, avant de considérer qu’il fait preuve de mauvaise volonté, posez-vous la question de savoir s’il peut faire l’exercice demandé.
Veiller à ce que le cheval comprenne ce qu’on lui demande
La question ne se pose pas pour les exercices maintes fois répétés et assimilés depuis longtemps. Par-contre, pour les exercices découverts plus récemment et a fortiori pour les nouveautés, il n’est pas certain que nos demandes soient toujours claires pour les chevaux. Face à un cheval qui ne répond pas cela vaut la peine de chercher avant toute chose à savoir si le cheval a bien compris. Comment faire ? Ne pas hésiter à revenir en arrière et à décomposer les demandes. Le cheval avait bien réagi aux aides du reculer lors de la dernière séance. Aujourd’hui, il refuse d’amorcer le mouvement. Plutôt que de réitérer plusieurs fois la demande par des aides de plus en plus fortes qui risquent de le blaser, mieux veut descendre, demander le reculer en poussant le cheval au niveau du poitrail et en s’aidant de la voix. Ne redemander l’exercice monté que lorsque le cheval le réalise aisément à pied et ne pas hésiter à utiliser la voix.
Arrêter toute action lorsque le cheval réagit
Il ne faut pas continuer à demander quelque chose que le cheval vient de réaliser. Il n’y comprendrait plus rien. Céder, c’est la base. Cela confirme au cheval qu’il a bien réagi. Cela permet de préserver sa sensibilité. Le principe paraît évident et simple. Pourtant, dans la pratique il n’est pas forcément facile de trouver le bon « timing », de s’adapter rapidement et correctement aux réactions du cheval pour lui donner les bonnes indications en temps réel. D’où la nécessité, encore une fois de rester vraiment concentré sur le cheval. De nombreux cavaliers ont des progrès à faire en la matière.
Faire comprendre au cheval qu’il a correctement réagi
Arrêter d’agir lorsque le cheval fait ce qu’on lui demande est bien sûr indispensable. Mais rien n’empêche d’aller plus loin. Pour lui faire bien comprendre. Pour lui donner envie de recommencer. C’est le renforcement positif. Un mot, toujours le même, prononcé sur le même ton. Une caresse. Certains utilisent un clicker. S’il s’agit de votre cheval, c’est à vous de définir les codes. Si ce n’est pas le cas, il faudra vous adapter. Veillez aussi à agir juste après la réaction du cheval que vous voulez encourager. Le lien de cause à effet doit être évident pour lui.
Lui laisser le temps de s’adapter aux nouveautés
Changer de selle ou de mors, de cavalier, de voisin de box, d’écurie, de lieu de travail, découvrir un exercice, passer à côté d’une bâche qui flotte au vent, embarquer pour la première fois dans un van ou un camion, découvrir le ferrage … Ces nouveautés plus ou moins importantes sont forcément sources de stress pour le cheval. Ce ne sont pas toujours les changements qui nous paraissent les plus importants qui lui causeront le plus de difficultés. Préoccupé, perturbé, le cheval ne réagira pas de manière fluide aux demandes qui lui sont faites. Insister dans ces conditions risque d’être contre-productif. Le cheval a besoin de temps pour s’adapter. Sachons faire preuve de la patience nécessaire.
Le familiariser en douceur avec les éléments de son environnement qui peuvent être stressants
Si un cheval a peur de quelque chose, ce n’est certes pas en évitant de le confronter avec la cause de sa peur que les choses s’amélioreront. Ce n’est pas non plus en l’y exposant brutalement et de manière intensive. Cela risquerait de le faire paniquer. Alors, comment faire pour qu’il accepte de franchir ce fossé qu’il refuse pour l’instant d’approcher ? Comment éviter qu’il fasse un écart lorsqu’il croise un chien ou un tracteur ? La solution tient en un mot : progressivité. Mettre le cheval le plus souvent possible en présence de ce qui l’effraie. Lui demander de s’approcher toujours un peu plus. Lui laisser le temps de regarder, sentir. Lui permettre de constater et de se convaincre progressivement que ce qui l’effraie est inoffensif. C’est ainsi qu’il prendra confiance en lui-même d’abord, en son cavalier aussi, à force de constater jour après jour que faire ce qui lui est demandé ne lui cause aucun dommage.
Continuer à lui accorder du temps et de l’attention même s’il n’est plus montable
On entend souvent dire que le bonheur est dans le pré. C’est sûrement vrai pour des chevaux qui sont habitués à ce mode d’hébergement. Il n’est pas certain qu’un cheval qui a vécu au box toute sa vie et qui s’est mis au service de ses cavaliers soit de cet avis s’il se retrouve le jour de sa retraite livré à lui-même dans un pré. Il n’est même pas indispensable d’ailleurs qu’un cheval retraité vive au pré. Il peut très bien continuer à passer ses nuits en box. L’essentiel est qu’il puisse quotidiennement bénéficier de sorties avec suffisamment d’espace pour bouger. Pour son bien-être physique et psychologique, il faudra continuer à interagir avec lui, surveiller son état général, lui faire régulièrement un pansage, lui apporter des friandises et lui mettre à disposition les compléments alimentaires dont il a besoin …
Permettre au cheval de bouger tous les jours
Ah, le fameux jour de repos hebdomadaire. Nous apprécions bien sûr de ne pas consacrer presque toute notre journée à notre activité professionnelle au moins un jour par semaine. Cela nous permet de faire d’autres choses. Mais pour beaucoup de chevaux qui vivent en écurie, le jour de repos ne correspond pas tout à fait à cette réalité. Ils ne sont pas montés, certes, mais ils passent toutes leur journée dans leur box, sans en sortir, à s’ennuyer. Pas sûr que ce soit très adapté pour un animal des grands espaces. Ne pas faire travailler le cheval un jour par semaine, pourquoi pas. Mais il faudra tout de même lui permettre de sortir pour se dégourdir les jambes et avoir le minimum d’activité nécessaire à son bien-être.
Protéger le cheval des insectes
Mouches autour des yeux, moucherons dans les oreilles, insectes piqueurs sur le corps … Il est des circonstances dans lesquelles être en extérieur s’apparente plus à une torture qu’à du plaisir pour votre cheval. Comment y remédier ? Lui donner accès à un abri s’il vit au pré. Utiliser des sprays répulsifs, des shampoings, bonnets ou chemises anti-insectes. Les fabricants d’articles pour chevaux proposent toute une gamme de solutions plus ou moins onéreuses. A vous de tester et de trouver celle qui convient le mieux à votre cheval. Il est aussi utile de savoir repérer les moments où les insectes sont les plus nombreux et les plus virulents : fin d’après-midi, temps orageux … Eviter de sortir le cheval à ces moments est déjà un bon début.
Le bien-être à long terme
Certaines mesures que vous pourrez prendre n’apporteront pas de plaisir immédiat à votre cheval. C’est comme le fait d’être en bonne santé en ce qui nous concerne. Nous trouvons cela normal. Ce n’est que quand nous sommes frappés par la maladie que nous apprécions la valeur d’avoir une bonne santé. Les mesures décrites ici permettront à votre cheval de mieux vieillir. Il en récoltera les bénéfices à long terme. Certaines s’appliquent au travail et d’autres en dehors.
Pendant les séances de travail
Votre cheval ne vous en sera pas immédiatement reconnaissant. Parfois, vous le priverez même d’un plaisir si vous l’empêchez d’accélérer le galop alors que c’est ce qu’il brûle d’envie de faire. Pourtant, si vous respectez les recommandations suivantes au cours du travail et tout au long de la vie du cheval, vous augmentez considérablement les chances de lui permettre de gagner en qualité de vie dans ses vieilles années.
Utiliser des protections adaptées
Les membres du cheval, avec ses long tendons justes sous la peau, sont particulièrement fragiles. Or, nous le plaçons souvent dans des situations où il peut recevoir des chocs. D’où la nécessité de lui faire porter des protections adaptées aux circonstances : protections de transport pour les voyages, guêtres pour les parcours d’obstacles ou de cross, bandes de travail pour les activités qui sollicitent beaucoup les tendons, mais avec risque de choc moindre. Un choc mal placé peut avoir des conséquences graves. Les protections peuvent éviter cela. Attention tout de même à les choisir bien adaptées au cheval. Les frottements dus à des guêtres trop grandes qui ne restent pas en place peuvent être à l’origine de plaies.
Adapter les allures à la qualité du sol
A terrain dur ou profond, allures lentes.
A terrain souple, allures plus vives. Voici le principe général à respecter pour conserver l’appareil locomoteur des chevaux en bon état. Si vous négligez ce principe, vous pouvez avoir des problèmes immédiats, mais c’est surtout à long terme que les difficultés locomotrices surviendront. Un cheval, en fonction de sa morphologie pèse 400 à 600 kg, parfois plus pour certains modèles. Avez-vous déjà pris conscience de la finesse de ses membres par rapport à ce poids ? Imaginez-vous la contrainte qui s’exerce à chaque foulée sur les quelques centimètres carrés que mesurent les pieds des chevaux ? Pour éviter des problèmes locomoteurs chroniques lorsque le cheval avance en âge, c’est au quotidien qu’il importe de veiller à préserver ses membres.
Savoir doser les efforts demandés
A l’inverse d’une machine qui ne s’use que lorsqu’on l’utilise, le vivant s’améliore lorsqu’il est sollicité. Qui veut courir un marathon doit commencer par des petites distances, et les augmenter progressivement. C’est par des contraintes répétées dont l’intensité s’approche des limites des capacités adaptatives de l’organisme que le vivant devient plus fort. Une contrainte trop faible ne fait pas progresser. Par-contre, si les contraintes sont trop importantes c’est la régression et la voie vers l’épuisement. Toute la difficulté consiste donc à doser correctement les efforts demandés au cheval. C’est d’autant plus compliqué que c’est différent pour chacun. Il faut tester et observer les résultats, mieux-être ou augmentation de la fatigue, et adapter. C’est déjà compliqué à faire sur soi-même. Si nous voulons que nos chevaux se renforcent, augmentent leur capacités physiques, leur concentration, il va falloir être très attentif aux signaux qu’ils envoient. Il s’agit là d’un continuelle quête d’un équilibre en mouvement. Et rien n’est jamais acquis définitivement. Des réajustements permanents sont nécessaires.
Proposer au cheval des activités en rapport avec ses capacités et sa conformation physique
Ce n’est pas par hasard que les chevaux qui pratiquent telle ou telle activité ont des morphologies ressemblantes. Certaines particularités physiques facilitent plutôt une discipline qu’une autre. L’épaule longue et oblique est recherchée en saut d’obstacle. Elle favorise le bon geste au-dessus des barres. Les chevaux de dressage doivent avoir une bonne capacité à engager leurs postérieurs pour pouvoir virevolter en restant en équilibre. Les chevaux de trait ont un physique plus massif pour pouvoir déployer la force nécessaire pour tracter un attelage … Cela ne veut pas dire que vous ne pourrez pas sauter quelques barres ou faire une épaule en dedans avec n’importe quel cheval. Il est même très utile de varier le travail. Mais il sera toujours plus facile et plus agréable pour un cheval d’être sollicité sur des exercices que sa morphologie lui permet de réaliser plus facilement.
Adapter la charge de travail en fonction de l’âge du cheval tout au long de sa vie
La plupart des chevaux sont dans la force de l’âge environ entre 7 et 13 ans. Certains chevaux sont plus précoces, d’autres restent en forme plus longtemps. Cela peut bien sûr être variable. Mais c’est en moyenne dans cet intervalle d’âge que le cheval aura atteint la maturité physique et psychologique et sera à même de fournir les efforts les plus intenses et de progresser davantage. En dehors de cet intervalle, il est préférable de réduire l’intensité des efforts demandés. Parce que le cheval n’y est pas encore prêt dans ses jeunes années. Parce qu’il commence à éprouver de la lassitude, qu’il ne récupère plus aussi facilement lorsqu’il prend de l’âge. Un cheval dont les efforts auront été intelligemment gérés tout au long de sa vie aura bien davantage de chances de mieux vieillir.
En dehors du travail
Des mesures là aussi qui n’apporteront que rarement du plaisir immédiat au cheval. Ce seront même parfois des contraintes pour le cheval tout comme le cavalier. Pourtant les bénéfices à long terme ne font aucun doute.
Mesures qui concernent le cavalier lui-même
Le cavalier peut, seul, de son côté, en dehors de la présence de son cheval, prendre des dispositions qui se traduiront très positivement pour son cheval.
Bien réfléchir avant d’acheter un cheval
Avoir son propre cheval est un véritable engagement, un choix de vie qui aura des répercussions sur notre emploi du temps au quotidien, notre disponibilité pour nos proches, notre budget … Même s’il n’héberge pas son cheval à domicile, même s’il se fait aider pour le monter certains jours, c’est tout de même au propriétaire du cheval qu’il appartiendra de veiller à ce que tous les besoins du cheval soient satisfaits. Mieux vaut avoir bien conscience de toutes les contraintes que cela implique, en avoir mesuré l’impact, et ne s’engager dans l’aventure qu’en connaissance de cause.
J’ai rédigé un guide qui vous permet d’éviter les principales erreurs lors de l’achat d’un cheval. Vous pouvez l’obtenir en laissant votre adresse mail ici.
Anticiper le budget nécessaire à la prise en charge des dépenses de santé
Il y a tout d’abord les dépenses de santé courantes : soins vétérinaires de base, vermifuges, compléments alimentaires, dentiste, ostéopathe … Vous devrez être en mesure d’intégrer ces frais dans votre budget de fonctionnement normal.
Par ailleurs, le risque de gros imprévu est toujours présent avec les chevaux. Un traumatisme qui peut nécessiter des radios et des soins d’urgence. Une maladie dont le diagnostic ne peut se faire que grâce à des examens et dont le traitement sera long. Sans compter les terribles coliques qui emportent tant de chevaux, mais qu’il reste possible dans la plupart des cas de guérir par une opération si elles sont prises en charge à temps.
Le budget santé du cheval peut très vite gonfler. Face à ce risque, deux solutions. Soit disposer de réserves financières suffisantes et être prêt à les consacrer aux soins du cheval, soit prendre une assurance santé. Les formules d’assurance proposées sont de plus en plus diversifiées tant en matière de risques pris en charge qu’en matière de tarifs proposés.
Se séparer d’un cheval qui ne répond pas à ses attentes
Malgré toutes les précautions prises auparavant, il peut arriver que le cheval, à un moment, ne réponde plus aux attentes de son propriétaire, et qu’il soit très peu probable que la situation s’arrange. Quelles qu’en soient les raisons, qu’il s’agisse du cheval dont les aptitudes ne se sont pas développées comme espéré, ou du propriétaire dont les attentes ont évolué, la situation sera inconfortable pour les deux. Le propriétaire sera frustré que son cheval n’ait pas le potentiel qui lui permettrait de progresser comme il le souhaiterait dans la discipline visée. Le cheval, véritable éponge émotionnelle, ressentira cette frustration au quotidien. Ce sera pour lui une source de mal-être. Vous n’avez pas forcément commis d’erreurs et il ne faut pas voir la situation comme un échec. C’est plutôt une étape dans un processus d’apprentissage. Mais que faire alors ? Même s’il peut paraître difficile de se séparer d’un cheval qu’on a pris beaucoup de soin à choisir et auquel, à force de le côtoyer tous les jours, on est forcément attaché, c’est certainement la meilleure solution. Il ne s’agit pas de le vendre hâtivement au premier venu, mais plutôt d’en dresser le portrait le plus juste possible, sans faire abstraction de ses défauts, et de le présenter à des cavaliers auxquels il pourrait convenir. Vous vous donnerez ainsi la chance de lui trouver un propriétaire dont il comblera les attentes. Vous pourrez de votre côté vous mettre en quête de la monture qui vous conviendra davantage.
Prévoir une solution adaptée pour sa retraite
Au début, vous ne pensiez même pas à sa retraite. Et puis il vous a accompagné toutes ces années. Vous avez progressé ensemble. Vous avez partagé d’innombrables moments de complicité. Aujourd’hui, il vous semble moins énergique que d’habitude. Vous aviez déjà remarqué cela il y a quelques temps. Lorsque vous le sollicitez plus fortement que d’habitude, il montre des signes de fatigue le lendemain. C’est que votre loulou a pris de l’âge. Il approche ou dépasse les 20 ans. Il est sûrement temps de lever le pied. Pour le préserver et lui permettre de vieillir dans de bonnes conditions, il faudra lui demander des efforts moins intenses, moins fréquents, jusqu’à progressivement ne plus le faire travailler qu’occasionnellement. Si vous n’avez pas anticipé cette transition, vous serez confronté à des problèmes que vous devrez résoudre dans l’urgence avec le risque de devoir vous contenter de solutions médiocres. Un cheval qui ne travaille plus ou moins souvent doit pouvoir bouger. Il n’est pas question de le laisser en box toute la journée ou presque. Pour beaucoup de chevaux, la mise à la retraite nécessite un changement de lieu de vie. Des pensions proposent des hébergements en pré et box, d’autres du 100% pré. De telles structures sont-elles accessibles pour vous ? Des places sont-elles régulièrement disponibles ? Comment organiser la transition ? Aurez-vous suffisamment de temps à lui consacrer pour le surveiller ou devrez-vous faire appel à de l’aide ? Il est préférable de ne pas attendre d’être confronté aux premiers signes sérieux de vieillissement du cheval pour se poser ce type de questions.
Entretenir sa propre condition physique
Être cavalier ou homme de cheval n’est pas de tout repos. Cela fait longtemps que vous ne ressentez plus ces terribles courbatures aux adducteurs qui sont le résultat systématique des premières heures de mise en selle. Vous vous êtes adapté à la pratique de l’équitation et vos séances ne vous fatiguent plus outre-mesure. Pourtant, vous auriez tort de ne plus chercher à vous améliorer physiquement. Dans quels domaines ? Votre poids tout d’abord. Le cheval vous porte et chacun de vos kilos superflus, en mouvement, se traduit par des impacts bien plus importants sur ses propres articulations. Et ne prétendez compenser par une « monte légère ». Autre levier d’action : votre musculature. L’équitation n’est pas un sport de force. Loin de là. C’est au contraire la légèreté que tout cavalier doit rechercher. C’est précisément pour cela que vous devez pouvoir compter sur chacun de vos muscles. Conserver la bonne posture à cheval, pouvoir agir avec précision, rapidité et avec le bon dosage. Tout cela ne sera pas possible si vous êtes au bord des crampes. Dernier point à surveiller : votre résistance à l’effort. Même si c’est votre cheval qui se déplace, conserver sa lucidité tout au long d’un parcours d’obstacles ou d’une reprise de dressage demande tout de même une certaine condition physique.
Comment faire alors ? Inutile de vous inscrire à la salle de sport ou de préparer un marathon. Par-contre il existe une multitude d’applications qui proposent des exercices de musculation au poids de corps très faciles à réaliser à domicile. Quelques séances par semaine combinées avec un peu de course à pied et de vélo et le tour est joué. Vous serez ainsi un cavalier tonique et maître de lui bien plus agréable pour votre cheval.
Se former pour améliorer ses connaissances
En matière de connaissance du cheval, de techniques de soin autant que d’équitation, les savoirs évoluent. Nous cernons mieux les besoins du cheval qu’il s’agisse d’alimentation, de psychologie, de mode de vie … Nous mettons davantage de moyens en œuvre pour préserver l’intégrité physique des chevaux : dentiste, ostéopathe, saddle fitter … Cliquez ici pour voir une présentation du travail du saddle fitter. ll faut connaître les spécificités de chacune de ces techniques pour y avoir recours à bon escient. De nouvelles disciplines se développent : travail à pied, equifeel … Même si elles ne nous intéressent pas en tant que telles, certains de leurs aspects peuvent être utiles. La complicité développée dans le travail à pied facilitera la relation dans le travail monté. Un cheval qui sera suffisamment confiant pour marcher sur une bâche posée au sol se montera moins réticent à franchir un pont en bois en promenade … Le cavalier gagnera en tout cas à s’intéresser aux nouveautés, à rester ouvert. Il arrive quelquefois de réfléchir longuement à la solution d’un problème en vain, et de trouver une idée intéressante dans un contexte totalement différent. Il serait dommage de se priver de cette opportunité.
Se former pour améliorer sa pratique
Confusius disait : « Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour ».
Le meilleur moyen de régresser est donc de se croire arrivé à destination et de ne plus chercher à s’améliorer. La stabilité est incompatible avec la vie qui n’est qu’un mouvement permanent. A nous donc de mettre en oeuvre tous les moyens pour mieux maîtriser notre pratique : tester de nouvelles choses, analyser les résultats, puis conserver, modifier ou abandonner. Les sources d’inspiration sont multiples : cours collectifs ou particuliers, stages, échanges avec les autres … Inutile aussi de penser que ceux qui ont un niveau inférieur au nôtre ne peuvent rien nous apporter. Un regard extérieur neuf permet souvent de mettre sur la voie d’une solution que nous n’avions pas imaginée. « Mais pourquoi diable n’y ai-je pas pensé avant ? ».
Mesures qui concernent les relations du cavalier avec son cheval
Par l’application de certaines mesures à son cheval, le cavalier n’apportera pas un surcroît de bien-être immédiat à son cheval, mais les effets positifs se manifesteront à plus long terme.
Adapter son alimentation à son état corporel et à son niveau d’activité
En fonction de leur morphologie, de leur métabolisme, de leur tempérament, de leur âge et de leur activité, les besoins alimentaires des chevaux peuvent être très différents. Ce serait tellement simple d’avoir un tableau qui détaille les quantités d’aliments à distribuer en fonction du poids du cheval par exemple. C’est en réalité impossible tant chaque cheval est particulier. Bien sûr, il y a des normes comme détaillé ici. Mais il ne peut s’agir que d’un point de départ. Les quantités devront être ajustées par la suite en fonction du cheval. Tout comme certains d’entre nous peuvent manger 2 éclairs au chocolat par jour sans prendre de poids, alors que d’autres s’imposent des restrictions et prennent du poids au moindre écart, chaque être vivant a ses particularités.
Adapter sa litière
J’ai connu une jument qui faisait régulièrement des coliques de stase (de fortes constipations) parce qu’elle ingérait trop de paille. Cette quantité trop importante de paille lui boquait le transit intestinal. A l’époque, il n’était pas question d’utiliser une autre litière que la paille.
Aujourd’hui, le choix est beaucoup plus vaste. En fonction des besoins du cheval : confort, capacité d’absorption, poussière dégagée, litière consommable ou non … des solutions existent : copeaux ou pellets de bois, tourbe, lin chanvre, miscanthus ou même papier… et il devient de plus en plus facile de s’approvisionner. A vous de déterminer ce qui convient le mieux à chaque cheval.
Veiller à des aplombs corrects
Je ne rentrerai pas ici dans le débat ferrage vs pieds nus. Dans les deux cas, les aplombs sont à surveiller. Ils ne doivent pas gêner le fonctionnement du pied. Si le cheval reste pieds nus, l’usure de la corne ne sera pas homogène et il faudra faire intervenir le maréchal ferrant pour un parage (coupe de l’excédent de corne). Si le cheval est ferré, la pousse de la corne sera plus forte en pince (avant du sabot) qu’en talon ce qui modifie progressivement les aplombs entre les ferrages. Ceux-ci sont espacés de 5 à 8 semaines en fonction du rythme de pousse de la corne, qui lui aussi varie en fonction des saisons et de l’activité du cheval. Il faut donc surveiller et anticiper. Quel est le risque de laisser évoluer un cheval avec de mauvais aplombs ? Cela augmente les contraintes exercées sur les tendons et les ligaments et les fragilise. Problèmes à long terme garantis.
Exposer le cheval à un maximum de stimulations différentes
Le cheval a un comportement de proie. Lorsque quelque chose lui fait peur, son instinct lui dit de fuir. De telles réactions ne sont pas appropriées pour les chevaux que nous côtoyons. Elles peuvent même être dangereuses. Comment les éviter alors ? En familiarisant en douceur le cheval avec tous les éléments auxquels il est susceptible d’être confronté et qui pourraient le surprendre : voitures, camions, tracteurs, chiens, quads, bâches qui flottent au vent, musique, cris … Les chevaux ne réagissent pas de la même manière face à ces éléments. Pour éviter les réactions violentes, essayez de saisir toutes les occasions pour faire vivre au cheval de nouvelles expériences dans le but dans premier temps d’identifier ce qui lui fait peur. Il faudra par la suite réitérer l’exercice de manière progressive, en douceur sans forcer. Obtenir d’abord du cheval qu’il ne fasse pas demi-tour, puis qu’il accepte de s’approcher … Laissez lui le temps d’observer, de constater qu’il n’y a pas de danger. Accepter qu’il puisse être plus effrayé un jour que la fois précédente. Rien n’est acquis définitivement. Brusquer un cheval qui a peur est le plus souvent contre-productif.
Apprendre au cheval à monter dans un van ou dans un camion
Même si vous n’envisagez pas de faire de la compétition et de vous déplacer tous les week-end avec votre cheval pour vous rendre à des concours, il sera tout de même nécessaire de faire voyager de temps en temps votre cheval : changement d’écurie, visite chez un vétérinaire, promenade dans un autre cadre … Beaucoup de chevaux sont effrayés de monter dans des vans ou des camions. L’endroit est exigu et généralement sombre. Leurs sabots résonnent sur le plancher. Ils refusent donc d’approcher, résistent, se braquent, reculent dès qu’ils posent le premier pied sur le pont … Les cavaliers s’énervent, et si le cheval finit par céder au bout d’un moment, le problème se repose généralement à l’identique la fois suivante. Pourtant, il est parfaitement possible d’éviter l’épreuve de force. Comment ? Toujours de la même manière : en familiarisant le cheval de manière progressive avec le moyen de transport et en renouvelant l’expérience régulièrement. Pourquoi ne pas lui poser son foin sur le pont, puis à l’intérieur du van ? Quand il acceptera de s’approcher et de monter sans résistance vous pourrez démarrer, faire cinq minutes de trajet et revenir à l’écurie. Bien sûr ce sera plus facile avec un jeune cheval qui n’a jamais connu d’expériences négatives à l’embarquement. Mais rien n’est jamais perdu. Il est toujours possible de gagner la confiance d’un cheval par la patience et la douceur. Ainsi, lorsqu’il faudra embarquer le cheval rapidement, ce sera possible.
Réagir rapidement en cas de problème digestif
Quel est le point commun entre Robinson, le cheval d’Arnaud Serre de l’équipe de France de dressage et le mythique Totilas, qui sous la selle d’Edward Gal flirtait avec la perfection sur les carrés de dressage ? Ils sont tous deux morts prématurément de coliques. Pour Robinson (voir ici) c’était en 2016. Totilas (voir ici), quant à lui nous a quittés en 2020. Comment expliquer que des chevaux d’une telle valeur puissent mourir ainsi de coliques malgré toute l’attention qui leur est apportée ? Avec un intestin grêle d’une longueur moyenne de vingt mètres, le système digestif constitue une fragilité majeure des chevaux. En cas de blocage du transit, les céréales en cours de digestion qu’il contient peuvent fermenter, dilater l’intestin voire provoquer des torsions. Les parties d’intestin mal vascularisées peuvent alors se nécroser. Seule une intervention chirurgicale rapide peut remédier à cela. On a tendance à qualifier de « coliques » toute douleur abdominale du cheval. Quoi qu’il en soit, si vous êtes confrontés à un cheval qui manifeste des signes de douleur abdominale, n’attendez pas de voir si cela passe tout seul. Alertez sans tarder votre vétérinaire. Sinon, il risque d’être trop tard bien plus vite que vous ne le pensez.
Faire intervenir des professionnels adéquats
Mis à part le vétérinaire, d’autres professionnels sont à même d’apporter un mieux être aux chevaux. Dentistes, ostéopathes, acupuncteurs, magnétiseurs … Il peut sembler évident qu’avoir une bouche en bon état, sans surdents, contribue au bien-être du cheval. D’autres types de soins sont plus controversés. Vous trouverez les partisans et les opposants. J’étais moi-même un peu sceptique il y 20 ans au sujet de l’ostéopathie, avant de constater par moi-même sur plusieurs chevaux que les interventions étaient efficaces. Comme partout, il y a certainement les bons professionnels et les moins bons. Le plus simple pour les distinguer sera de prendre contact avec des personnes qui ont déjà fait appel à leurs services.
Voici donc d’assez nombreux leviers d’action qui peuvent permettre d’améliorer le bien-être des chevaux. Certaines mesures sont à prendre une seule fois. D’autres doivent être réitérées régulièrement. Toutes sont utiles. Il ne s’agit pas pour autant de chercher à les mettre toutes en œuvre, mais d’être attentif au quotidien à progresser et à appliquer celles qui vous paraissent les plus importantes et les plus adaptées à votre situation et aux besoins du cheval. En ce qui me concerne, j’ai en ce moment le point 25 à l’esprit, c'est-à-dire que je m’efforce d’être vraiment présente lorsque je suis au contact de ma jument, malgré l’envie de réfléchir à d’autres problèmes. Cette qualité de présence me semble importante et je pense que les chevaux y sont plus sensibles que nous l’imaginons. Et vous ? Quelles sont les mesures qu’il vous semble utile de mettre en œuvre ? Avez-vous d’autres idées pour améliorer le bien-être des chevaux auxquelles je n’aurais pas pensé ?
Conseils pour instaurer une relation de confiance avec les chevaux, soins, principes de travail.
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