
Vous êtes attirés par les chevaux et avez envie d’apprendre à monter. Nombreux sont ceux qui entretiennent ce rêve et qui, quelques semaines plus tard ont déjà abandonné, découragés, dégoûtés …
Comment faire pour ne pas vous retrouver dans cette situation ? Voici mes conseils qui devraient vous permettre de débuter l’équitation sereinement.
1. Assurez vous que vos proches adhèrent à votre projet
Nos choix ont des conséquences pour les gens qui vivent avec nous.
Pratiquer l’équitation vous prendra du temps toutes les semaines et vous rendra moins disponible pour vos proches. Il est possible que vous deviez les solliciter pour prendre en charge à certains moments des tâches que vous assumiez avant.
Affronter au quotidien leurs regards désapprobateurs peut devenir pesant. Il est donc préférable d’en discuter avec eux et de leur expliquer en quoi il vous tient à cœur de vous lancer dans cette nouvelle activité. Vous saurez trouver les arguments pour les convaincre.
Il y a de grandes chances qu’ils comprennent et acceptent de vous soutenir dans vos choix. Si ce n’est pas le cas, il faudrait au minimum qu’ils acceptent que vous soyez absent à certains moments et que vous puissiez adopter ensemble une organisation de la vie familiale qui intègre votre nouvelle activité.
2. Définissez vos objectifs
Chaque débutant en équitation a ses rêves. Pour certains l’objectif sera de se lancer dans la compétition de saut d’obstacles. D’autres visent plus modestement à partir en promenade avec leur cheval dans la nature en sécurité. Les disciplines sont de plus en plus nombreuses : dressage, TREC (techniques de randonnées équestres de compétition), équitation western, horse-ball, polo … Et vous ? De quoi avez-vous envie ? Quelle est la raison qui vous pousse à vous lancer dans l’aventure ?
Au début, il s’agira simplement d’acquérir suffisamment d’équilibre et d’aisance pour rester en selle aux trois allures quelles que soient les réactions du cheval. N’importe quelle école d’équitation vous proposera des cours qui doivent vous permettre d’en arriver là.
L’enseignement deviendra ensuite plus spécifique en fonction de la discipline visée. Les écoles d’équitation ne proposent pas toutes les activités. C’est pourquoi définir ses objectifs est le préalable au choix d’une école.
3. Choisissez votre école d’équitation
Il est de plus en plus fréquent aujourd’hui d’avoir le choix entre plusieurs écoles d’équitation.
Faites la liste de celles qui existent dans un périmètre qui vous semble acceptable en temps de trajet autour de chez vous.
Allez ensuite sur place dans votre costume de Sherlock Holmes. Il s’agit à ce moment de mener une véritable enquête. Les chevaux semblent ils en bonne santé ? Les écuries sont-elles bien entretenues ? Quelles sont les installations : manège, carrière, espaces de pansage, douche pour les chevaux ? Dans quel environnement l’école se trouve-t-elle : campagne, forêt accessible ? Intéressez vous aussi aux cours. Les enseignants sont-ils disponibles pour aider à la préparation des chevaux ? Apportent ils des explications à l’appui de leurs conseils ? Les cavaliers présents semblent ils satisfaits ? N’hésitez pas à discuter avec eux et avec les enseignants. Vérifiez aussi s’il sera possible ou non de pratiquer la discipline que vous visez à un niveau plus élevé par la suite.
Certains constats doivent vous conduire à tourner les talons immédiatement : chevaux apathiques, écurie sale, enseignant peu à l’écoute … Mais aucun centre équestre n’est idéal. Faites votre choix en fonction des critères que vous jugez les plus importants et lancez vous. Rien ne vous empêchera plus tard de changer d’école si vous vous rendez compte que l’herbe est plus verte pour vous ailleurs.
4. Achetez les équipements nécessaires
Pour les premières séances il est inutile d’investir dans du matériel d’équitation. Testez votre motivation avant d’engager des dépenses.
Une paire de bottes en caoutchouc, pour éviter que les étrivières vous pincent les mollets et un pantalon de jogging dans lequel vous êtes à l’aise feront amplement l’affaire. Le seul point qui peut poser problème est la bombe, c’est-à-dire la protection de tête.
Avant la crise du covid, la plupart des centres équestres disposaient de bombes de différentes tailles qu’ils mettaient bien volontiers à la disposition des cavaliers débutants. Il est moins évident que cela soit toujours le cas aujourd’hui. Impossible pourtant de vous priver de cette protection, ne serait-ce que pour des questions d’assurance. Vous pourrez facilement vous procurer chez Décathlon par exemple une bombe aux normes pour un budget compris entre 30 et 50 euros. Voici le lien (https://www.decathlon.fr/browse/c0-tous-les-sports/c1-equitation/c3-casques-d-equitation/_/N-afpd0). Je vous donne ces indications très librement puisque je ne suis pas affiliée. Vous pourrez toujours par la suite investir dans une bombe plus esthétique ou plus confortable dans une autre boutique d’équitation.
5. Dégagez le temps nécessaire à pratiquer
Si vous attendez d’avoir le temps pour vos séances d’équitation, vous ne monterez pas souvent. Ce temps, vous allez devoir le trouver, l’arracher. Dans la course effrénée du quotidien, dans nos emplois du temps surchargés, nous avons tendance à remettre à plus tard les activités non urgentes et non essentielles. Vos séances d’équitation en font partie. Pourtant, ces activités non urgentes et non essentielles permettent justement de prendre un recul essentiel sur notre vie. Elles représentent une parenthèse de respiration dans le rythme de la semaine à l’issue de laquelle vous porterez un regard différent sur les difficultés qui vous préoccupent. Vous avez choisi de pratiquer l’équitation et vous êtes donné la peine d’expliquer votre projet à vos proches. Dès lors, prenez tout le temps nécessaire pour le faire. S’ils vous respectent, ils comprendront.
Programmez vos séances, inscrivez les dans votre agenda comme des rendez-vous avec vous-mêmes et n’y dérogez sous aucun prétexte. Evitez de culpabiliser de vous accorder des loisirs alors que vous n’avez pas réalisé telle tâche ou résolu tel problème. Avez-vous déjà remarqué que c’est rarement en s’acharnant sur un problème qu’on trouve la solution, mais que celle-ci nous vient à l’esprit tout naturellement alors que nous sommes occupés à faire autre chose ? Quelque chose qui nous plait le plus souvent.
6. Pratiquez régulièrement
Comme dans toute activité, la clé de la réussite est la régularité dans les efforts.
Vous progresserez plus vite et les progrès réalisés seront beaucoup plus solidement ancrés si vos séances sont suffisamment rapprochées. Il vaut mieux pratiquer une heure toutes les semaines, soit à peu près quatre heures par mois, que de faire un stage de huit heures sur deux jours tous les deux mois. Je n’affirme pas que les stages sont inutiles. Bien au contraire. Mais, à choisir, il vaut mieux pratiquer moins, mais plus fréquemment, que beaucoup occasionnellement.
J’en suis convaincue. Je l’ai expérimenté. C’est pour moi une certitude. Au cours d’une séance, vous testez des choses, vous adaptez votre pratique. Vous devez avoir l’occasion d’expérimenter si les conclusions que vous avez tirées se vérifient lors de la prochaine séance. Le plus vite possible. Pas dans deux mois. Ainsi, de séances en séances, par expérimentations, tests et ajustements successifs, vous progresserez bien davantage que vous ne le pensez.
Ce ne sont pas les efforts intenses et occasionnels qui permettent les plus grands progrès, mais bien davantage les petites actions répétées régulièrement.
Bill Gates a repris ce principe en ces termes :
« Nous surestimons toujours les changements qui se produiront dans les deux prochaines années et sous-estimons le changement qui se produira dans les dix années prochaines. Ne vous laissez pas tomber dans l’inaction. »
https://quote-citation.com/fr/citations/8559
7. Apprivoisez vos peurs
La principale raison qui motive l’abandon de l’équitation pour la plupart des personnes est la peur. Peur d’approcher tel cheval qui a l’air menaçant. Peur de perdre le contrôle du cheval. Peur de tomber et de se blesser. Peur de l’accident que pourrait provoquer le cheval qui s’échappe sans son cavalier … Et qu’elle est désagréable cette peur. Cœur qui accélère. Mains moites. Estomac qui se noue. Ses conséquences peuvent être délétères pour le cavalier : perte de précision dans les actions, confusion mentale … Le cheval aussi ressent notre peur. Et le cercle vicieux s’installe : peur – fébrilité – inquiétude du cheval qui devient plus susceptible – renforcement de la peur – perte de confiance en soi …
Et pourtant, cette peur nous est utile. C’est une émotion ancestrale générée par notre cerveau reptilien censé veiller à notre survie. Elle nous signale la présence d’un danger et nous donne les moyens d’y réagir par la libération d’adrénaline qui nous donne toute l’énergie dont nous avons besoin pour fuir. Ce mécanisme se trouvait parfaitement adapté pour permettre à l’homme préhistorique d’échapper aux bêtes féroces qu’il croisait sur son chemin. Il est nettement moins utile aujourd’hui au cavalier qui ne peut pas évacuer ce surcroît d’énergie dans la fuite, se trouve submergé et par conséquent incapable d’agit efficacement.
Alors comment faire pour être le moins perturbé possible ?
Inutile de chercher à se raisonner. La peur court circuite le cortex, siège de la pensée. Il faut donc passer par le corps : relaxation en prévention, respiration lorsque la tension monte et que nous avons tendance à nous mettre en apnée.
Mieux organiser la progression peut aussi éviter d’être confronté à des difficultés trop importantes et stressantes. Peut être vaut-il mieux rester plus longtemps dans un groupe de cavaliers du niveau inférieur afin d’avoir davantage d’assurance, plutôt que d’intégrer trop vite le groupe supérieur ?
Vouloir à tout prix éviter la peur serait aussi une erreur. Rester dans sa zone de confort est le meilleur moyen de ne pas progresser. L’objectif doit donc être d’apprendre à accueillir ses peurs comme le signe que nous sommes confrontés à des difficultés qui nous donnerons l’occasion d’évoluer, mais sans leur permettre de nous perturber. Tout est, comme souvent, une question de dosage. Il s’agit d’apprivoiser ses peurs.
8. Devenez acteur de vos apprentissages
Faire quelque chose parce qu’on nous a dit de procéder de la sorte, ou faire quelque chose parce qu’on en a compris le sens et l’intérêt. Dans laquelle des deux situations allez-vous agir avec le plus d’efficacité ?
La question ne se pose même pas, n’est-ce pas ? Pourtant tout débutant en équitation va être confronté à des injonctions qui lui paraîtront obscures : baisse tes talons, regarde où tu veux aller … Pas évident de deviner ce à quoi cela peut servir. Pour l’enseignant, ce sont des conseils mille fois répétés, tellement évidents pour lui qu’il ne pensera pas forcément à les expliciter. Il n’en aura même souvent pas le temps en pleine reprise (c’est ainsi qu’on nomme les cours d’équitation). Il serait malvenu qu’il s’attarde sur des explications théoriques sur un temps censé être dédié à la pratique.
Pourtant, vous ne comprendrez pas forcément spontanément que descendre les talons vous aidera tout d’abord à ne pas perdre vos étriers, mais aussi à améliorer la fixité de votre jambe. Il peut aussi être difficile d’imaginer à quel point regarder dans la direction dans laquelle on souhaite se diriger aide à se maintenir sur la bonne trajectoire. Le poids de la tête orienté dans la bonne direction aide le cheval à comprendre ce qu’on attend de lui.
Il est donc intéressant voire indispensable que vous compreniez le pourquoi des choses afin que vous puissiez vous les approprier et non plus les subir. C’est ce que j’appelle devenir acteur de ses apprentissages. Ce sera à vous de demander toutes les explications que vous jugerez nécessaires. Veillez à le faire avec tact, au moment où l’enseignant aura la possibilité de vous consacrer un peu de temps.
N’acceptez pas d’adopter durablement des pratiques dont vous n’avez pas compris le sens et n’êtes pas convaincu de l’utilité.
9. Restez dans un état d’esprit constructif
Comme tout apprentissage, celui de l’équitation vous fera passer par des chemins parsemés d’embuches. Ne doutez pas que les déceptions, les peurs, les chutes, les échecs seront au rendez-vous. Qu’il paraît souvent éloigné et inatteignable l’objectif du cavalier qui fait corps avec sa monture et obtient d’elle qu’elle exécute avec légèreté tous les mouvements qu’il lui demande.
Pourtant, ce cavalier impressionnant d’aisance a lui aussi été débutant un jour. Il a été maladroit, a eu des difficultés à se faire comprendre des chevaux qu’il montait et est même tombé si souvent qu’il est incapable de se souvenir de chacune de ses chutes.
Ce qui explique que certains réussissent et d’autres échouent : essentiellement l’état d’esprit. C’est lui qui vous permettra de vous remettre en cause et de sortir renforcé d’avoir réussi à surmonter des obstacles ou qui vous conduira à vous complaire dans votre posture de victime. C’est la faute du moniteur, de cet autre cavalier, de la météo, de mes collègues, de mes parents … STOOOOOP. Vous et vous seul êtes la cause de vos échecs. Et il y a une bonne nouvelle en la matière. Puisque vous êtes le problème, vous détenez également les clés de la solution.
Alors analysez les situations dans lesquelles vous avez échoué. Essayez d’en comprendre les raisons. N’ayez pas peur des critiques, mêmes désagréables, elles peuvent vous permettre des prises de conscience. Apprenez à persévérer. Mêmes si les progrès vous semblent si limités au regard des efforts fournis, continuez à avancer. Un jour vous vous retournerez et serez fiers du chemin parcouru.
Il n’y a qu’une façon d’échouer, c’est d’abandonner avant d’avoir réussi.
Georges Clémenceau
10. Surmontez les moments de découragement
Cette impression que vous ne pourrez jamais y arriver. Cette conviction que c’est tellement plus facile pour les autres. Cette incapacité à obtenir tel mouvement du cheval alors que cela semblait acquis. Vous connaissez ?
Face à nos manques de réussite, surtout s’ils ont tendance à s’accumuler, la tentation de céder au découragement peut être grande.
Pourtant c’est bien dans ces situations difficiles que nous progressons. Il n’y a aucun bénéfice à reproduire ce que nous maîtrisons parfaitement. La satisfaction éphémère qui en résulte n’est pas gratifiante. Si un exercice est trop facile pour vous et votre cheval, il ne vous apportera rien.
L’échec, au contraire témoigne que nous avons osé nous confronter à une véritable difficulté. Nous avons beaucoup à apprendre de nos échecs. Au lieu de les considérer comme négatifs, nous devrions donc les apprécier, les voir comme de formidables occasions d’apprendre et de progresser.
Alors, la prochaine fois que vous ne parviendrez pas à réaliser un exercice correctement, au lieu de vous énerver et de vous en plaindre, soyez heureux de l’occasion qui vous est donnée de vous améliorer. Lorsque vous aurez surmonté cette difficulté, vous pourrez vous réjouir d’avoir relevé le défi, d’avoir appris quelque chose et réellement progressé. Vous pourrez alors éprouver une satisfaction légitime.
Voici donc les clés pratiques, mais aussi psychologiques qui devraient vous permettre de débuter l’équitation dans les meilleures conditions possibles. Ne cherchez pas forcément à tout faire parfaitement. Ce serait le meilleur moyen de procrastiner. Prenez simplement un temps de réflexion, appliquez ce qui vous parle le plus et lancez vous.
N’hésitez pas à m’indiquer dans les commentaires quelle est la clé qui vous paraît la plus importante ou si vous avez d’autres idées de conseils qui pourraient permettre de bien débuter l’équitation.
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